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Gros malaise à l’Ehpad de Nédonchel

Harcèlement moral, insultes, intimidations, conditions de travail déplorables. Les accusations sont graves, mais rien ne se passe. Ils ont écrit au ministère de la Santé, au premier Ministre, au député, à la sénatrice, aux présidents du Conseil régional et du Conseil départemental, au Préfet. Ils sont déterminés, plus que jamais.

Vendredi 4 décembre, une partie des salariés de l’Ehpad de Nédonchel manifeste aux abords de l’établissement, et sur toutes les lèvres, les agissements de la direction. 40 personnes sont mobilisées devant les grilles de l’établissement. Des salariés d’hier et d’aujourd’hui, l’ancien maire du village, Jean-Pierre Blanckaert, l’attaché parlementaire de la sénatrice Cathy Apourceau-Poly, Amaury Lebreton, des responsables syndicaux du département, Jérôme Jossien, élu à Pernes.

Originaire du Lillérois, une ancienne salariée, infirmière de profession et moteur de la mobilisation, témoigne de ce qu’elle a vécu, elle, et son petit frère, animateur, de 8 ans son cadet. « J’ai été embauchée en mars 2016 comme infirmière. Mi-avril, je passais infirmière coordinatrice. Du moins j’étais présentée comme telle. Mais je n’en avais pas le salaire. J’étais infirmière depuis 10 ans, mais sur ma fiche de paie, on ne reprenait que 6 mois d’ancienneté. » Mauvais départ, la mère de famille s’accroche à ce poste qu’elle aime bien. Puis les choses changent, et se corsent franchement: « Je suis entrée à l’école des cadres pour devenir cadre de santé. La formation s’étalait de septembre 2017 à juin 2018. J’ai un courrier (elle le montre) qui assure que la directrice m’assurait que tout serait payé. Ça n’a pas été le cas. J’en ai eu pour une grande partie de ma poche. Le total se chiffre à 10200 euros. Cette année-là, j’ai tout perdu. J’étais appelée tous les jours. On me demandait de prendre des gardes malgré que j’étais en formation… » Fin juin 2018, on lui indique qu’il n’y a pas de poste pour elle, et qu’elle restera donc « simple » infirmière. « Et là j’étais surveillée sans arrêt, convoquée tous les jours. On m’a supprimé mes RTT sans raison. » Courant 2019, elle demande sa mutation dans un hôpital, qu’elle obtient. En trois ans, une seule fiche de notation annuelle, sa note et son avancement sont gelés.

Immense coup dur
Des tremblements dans la voix, des larmes dans les yeux, celle qui n’a pas encore 40 ans martèle sa détermination: « Il faut qu’elle dégage ». Les mots sont durs, et on comprend vite pourquoi au travers de son récit. Lorsque son frère arrive au sein de l’établissement, il est atteint d’une tumeur au cerveau. Et lui aussi est victime de harcèlement; « Elle lui enlevait ses RTT alors que c’est sur ces jours-là qu’il faisait ses séances de chimiothérapie. Il conduisait des patients alzheimer en rendez-vous alors qu’il n’avait pas à faire ça. On l’a fait contrôler car on mettait en doute sa maladie… Il était sans cesse sous pression, alors que le stress lui était interdit. » Il y a deux ans, le jeune homme décède. Le coup est dur, et la direction ne ménage pas la grande sœur: « Quand on a voulu récupérer ses affaires, son casier avait été ouvert, le casier vidé, ses affaires mises dans un carton sans qu’on soit prévenu ».

Une aide-soignante originaire de l’Auchellois se présente à nous. Elle se mue en porte-parole d’une partie des salariés. Elle abonde dans le sens de son ancienne collègue: « On a vécu tout ça. Le déclic a été le décès de Nicolas. Nous avons alerté l’ARS de ce qui se passait. En quatre ans, quatre infirmières coordinatrices ont connu exactement le même procédé. Les trois médecins coordinateurs sont partis en trois ans. Un accident de travail n’a pas été déclaré. La badgeuse a été installée sous une caméra. Je pourrais en raconter des tonnes. » Son ancienne collègue égraine les mails et les textos où on peut lire des mots durs, venant de la direction: « Horrible bonne femme, ces trois abrutis, ce putain d’Ehpad. » Tout le monde en prend pour son grade.  » J’ai tous les mails, tous les textos, poursuit l’infirmière. Le dossier est épais. » La sénatrice Cathy Apourceau Poly a alerté l’ARS dans un courrier en date du mois de février. Courrier sans réponse. « Nous avons envoyé deux nouveaux courriers en septembre et en octobre, explique son attaché parlementaire. Il y a une vraie souffrance des salariés. Il faut des réponses. »
Nous avons contacté la directrice de l’établissement qui n’a pour l’heure pas donné suite à nos sollicitations. En revanche, nous nous sommes procuré son communiqué officiel relatif au conflit social, que nous publions dans son intégralité.

Christophe Vincent, Votre Info


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