Ex-Anatolard: « Vous finirez gendarme Danel »
« Vous finirez gendarme Danel ». Une phrase qui restera gravée dans le marbre, prononcée par un professeur d’anglais à moustache pas vraiment visionnaire, au lycée Anatole-France à Lillers, au tout début des années 2000. Il n’a pas fini gendarme, même si, petit, comme beaucoup, il aurait bien fait ça, gendarme, pompier, ou policier. « Je rêvais de devenir joueur du RC Lens, mais je n’étais pas assez bon! ». Danel, Jérémy de son prénom, n’excelle pas dans la langue de Shakespeare à cette époque. Il n’excelle pas dans le foot non plus. Et il s’en fiche un peu. Aujourd’hui, si certains l’entendaient parler anglais, ils seraient capables de penser que c’est sa langue maternelle. Lui a parfois un peu de mal à trouver les traductions en français. Et le football pour le coup, il le vit pleinement en allant au stade. Il était en Bulgarie pour voir l’équipe de France aux éliminatoires de la coupe du monde, il était à l’Euro 2016 en France, et il sera à la coupe du monde en Russie. Le jour du tirage au sort, il réservait son hôtel…
Bac au rattrapage, étudiant moyen
Jérémy Danel, un gars sans histoire venu de Saint-Hilaire-Cottes. Fils d’un papa technicien à la DDE et d’une maman secrétaire médicale, aîné d’une fratrie de quatre enfants, il entre au lycée Anatole-France à Lillers sur la pointe des pieds, en provenance du lycée Bernard-Chochois à Norrent-Fontes. Pas d’étincelle au collège, pas de merveille non plus au lycée. Jérémy est plus préoccupé par les résultats du Racing et les matches de baby-foot au foyer à la récré, que par ses cours de baccalauréat série « économique et social ». Aujourd’hui, il est responsable de l’exportation des produits de Nuvasive, une boîte américaine qui fabrique et commercialise des implants de rachis. Tout un programme. Il est chargé des relations clients/distributeurs au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe de l’Est. Installé dans la capitale néerlandaise, son parcours n’est pas commun, limite exceptionnel. Après le Bac, décroché au rattrapage avec un superbe 3 en Anglais, des 8 et des 9 quasi partout… et un 18 en maths, Jérémy part pour un DUT compta à Lens, puis intègre le MSTCF à Valenciennes, pour devenir expert-comptable. Pas un objectif de carrière, mais il franchit les étapes. Là non plus il n’est pas forcément brillant, mais il décroche le diplôme.
Londres puis Amsterdam
Le tournant, c’est un premier stage à Béthune, chez MC2 partenaires, rue de l’Horlogerie, puis un second… en Angleterre, chez Constantin, un gros cabinet qui détient MC2 partenaires. L’étudiant français qui ne parle pas un mot d’anglais se paye le culot de demander ce stage Outre-manche, Stage de 3 mois qui se passe à merveille: « Ils voulaient m’embaucher. Je suis retourné à la fac pour 6 mois, puis je suis revenu pour mon stage de fin d’étude. Mais j’ai été pris direct en CDI ». Il reste 22 mois, saisit les opportunités les unes après les autres pour devenir chef d’un département au sein du cabinet Deloitte, qui a racheté Constantin. Deloitte, c’est un des quatre plus grands cabinets d’expertise comptable au monde, rien que ça. Par la force des choses, il devient bilingue. Il devient un abonné du FC Fulham aussi. Puis il met le cap sur Amsterdam, pour signer chez Wright medical, une firme qui vend des prothèses de hanche et de genou. Il devient directeur financier France, puis en 2014, Nuvasive le débauche. Il est directeur financier pour la partie Europe centrale.
120 vols en 2017
Au bout de 24 mois, il démissionne pour une autre opportunité. Mais Nuvasive le rattrape et lui propose un autre poste, en vente. Un poste différent, véritable challenge professionnel, et hyper enrichissant personnellement: « Il y a un intérêt double. Continuer à implanter la marque, et pour moi, de découvrir d’autres cultures ». En 2017, Jérémy de Saint-Hilaire a posé ses valises au Koweït, en Israël, en Iran, en Bulgarie, en Russie, au Maroc, en Arabie Saoudite, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis, au Liban… pour ne citer que ces pays-là… 120 vols en 2017, avec obligation pour lui d’avoir deux passeports: « Je suis déjà resté bloqué 5 heures à la douane en Israël à cause de la présence de visas arabes. » Alors il utilise un passeport pour certains pays, et un second pour les autres… C’est qui le gendarme? A.Top