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Allouagne: le Safran de Lili fait un carton

À Allouagne, un producteur s’est lancé dans un pari pas si fou: la culture du safran. Rencontre avec Amaury Fardel, 31 ans, fils d’un agriculteur bien connu dans le village, et agriculteur lui-même.

Ce technicien d’expérimentation agricole en recherche et développement sur les produits sanitaires, est aussi technicien en analyse de sol pour les agriculteurs. Il vient de prendre un énorme virage il y a quelques mois alors qu’il vient d’être papa. Bernard, son papa, lui a annoncé qu’il pouvait faire valoir ses droits à la retraite : « C’était inattendu, je ne pensais pas si vite. M’installer comme exploitant c’est ce que j’ai toujours voulu faire. » Amaury saisit l’occasion et réfléchit à ce qu’il va produire. « L’idée c’est d’en vivre. Pour ça il faut se diversifier. Nous ne sommes pas une immense exploitation. On produit du blé, de la betterave, du maïs, du colza et de l’orge d’hiver… J’aurais pu reprendre la ferme comme elle est là, mais j’avais envie d’expérimenter des choses. Je pensais à de l’huile de colza, au blé aussi et produire ma propre farine. J’ai vite abandonné l’idée de la farine. Vendre un produit deux euros alors que tu l’as à 80 centimes en grande surface… il faut être cohérent. » Mais l’idée de se lancer dans une production d’un genre nouveau le titille vraiment. Il songe à la graine de lin, au quinoa, aux lentilles… « Des graines à la mode », comme il dit. Quand vient un double événement. Nous sommes au mois de mars.


Les Hauts-de-France, historiquement, sont une terre à safran.

Amaury Fardel, cultivateur


Un événement heureux, la naissance de sa fille. L’autre moins, le confinement : « Quand la petite était encore à la maternité, je me suis retrouvé seul à la maison. J’ai cogité pendant deux heures et en allant sur le site de la Chambre d’agriculture, je suis tombé sur une annonce : quelqu’un qui vendait 10 000 bulbes de safran. J’ai contacté la vendeuse, le courant est bien passé. » Des bulbes encore en terre, à aller chercher du côté de Prémesques dans le Nord. Sauf qu’au moment de récupérer la marchandise, dame nature est parfois capricieuse, il ne reste que 3000 unités. Par chance, en discutant, il apprend qu’il peut acheter 7 à 8 000 bulbes du côté de Rouen. Banco, l’histoire de la safranière d’Allouagne est en marche.

Dévalisé
Début août, les bulbes sont plantés en famille, en une matinée. Bernard Fardel, le papa, voit la chose d’un bon œil : « En même temps, il s’était lui même lancé dans la culture du tabac », glisse Amaury, le sourire au coin des lèvres.
Ne reste plus qu’à attendre que la nature fasse bien les choses : « Les Hauts-de-France, historiquement, sont une terre à safran. Le crocus est une plante robuste et rustique qui ne demande ni produits phyto, ni désherbage. Le seul nuisible c’est le gibier. » Non sans stress, Amaury Fardel et ses proches ont guetté l’éclosion des fleurs… et non sans émotion, les premières fleurs ont pointé le bout de leurs pétales. Soigneusement récoltées à la main, elles ont séparées de leurs précieux pistils qui ont été séchés. Le safran d’Allouagne est né. Le Safran de Lili a proposé, du safran donc, et des produits safranés, des sirops, des confitures… Un carton, ni plus, ni moins. Le producteur a tout écoulé en un temps record. Il faudra maintenant attendre le printemps 2021 pour s’offrir un peu d’or rouge made in Allouagne.
Christophe Vincent, Votre Info

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