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Le portrait du dimanche… Philippe Vincent: Le bénévolat dans les veines (2/2)

Journaliste depuis 1979, ex-président de l’Office de tourisme du Pays de la Lys Romane, président de l’association de randonnée Ortie à Burbure et directeur des Échos du Pas-de-Calais, Philippe Vincent était à l’honneur dimanche lors de la cérémonie des vœux au maire de Lillers. Il a reçu de la municipalité la médaille de la vie associative (« échelon bronze » pour être précis), saluant son engagement bénévole de trente années dans le domaine du tourisme. Et comme dans « engagement bénévole », il y a engagement, le discours qu’il a prononcé dimanche à la tribune ne pouvait en manquer. Un propos millimétré, franc, émouvant pour certains, qui a dû faire grincer quelques dents, en ébranler plus d’un. Vendredi, son action en faveur du développement touristique de Lillers et de ses environs sera une nouvelle fois saluée, puisqu’il recevra le 18 janvier la médaille du tourisme lors des vœux de la Communauté Artois-Lys. Portrait d’un homme journaliste avant-tout, aux convictions façonnées par le sport. Un homme ancré comme jamais dans sa région, à Lillers et ses environs, un homme qui croit dur comme fer aux bienfaits du bénévolat, qu’il défend, à corps et à cris. Zoom sur un drôle de parcours, presque une biographie, en deux parties… qui reste incomplète.

Lillers, ville d’adoption
Trente-quatre années passées dans les rédactions et sur les événements « du coin », forcément, ça crée des liens. « J’ai eu la chance de travailler avec des journalistes comme Bernard Queste et Christian Defrance – avec qui il travaille toujours – ou encore Catherine Moser. C’est avec eux que j’ai appris le travail d’équipe. À Lillers, je me suis pris d’affection pour Charles Vandenbussche, correspondant de La Voix, et Marcel Michel, de Nord Matin. » Avec un peu de nostalgie, il relate cette époque où la presse locale faisait encore son travail et comme elle devrait encore le faire selon lui. « Quand j’allais à Lillers, et quoi qu’il se passait, les trois médias étaient systématiquement là. Nous étions concurrents, mais solidaires. Et en cas de coup dur, on se dépannait. » Ses deux acolytes lui font mettre un peu plus le doigt dans l’engrenage lillérois, lui proposant de rejoindre le Syndicat d’initiative géré par des personnalités de la commune, Alain Gibon et Guy Dubois notamment. Il accepte. Il glisse alors : « Je savais que Lillers avait un fort potentiel.» Ce potentiel, il va l’exploiter à fond. Lui l’Auchellois d’origine, donne beaucoup à Lillers. Il entre au conseil d’administration du Syndicat d’initiative, au bureau… puis la masse des membres se réduit, le SI est en perte de vitesse… On lui souffle alors qu’il serait bon de prendre la présidence… ce qu’il fait au milieu des années 90. Le début d’une belle aventure.

 Ambassadeur du Lillérois
« Il a fallu tout restructurer »,
lance-t-il… Ce qu’il fait à merveille. Il faut dire qu’il n’en est pas à sa première présidence. Déjà, il avait lancé l’Association historique et archéologique auchelloise, absorbée ensuite par l’office de tourisme de Lillers. Le Syndicat d’initiative Lillers et environs se transforme en Office de tourisme intercommunal du Lillérois, profitant de l’avènement des communautés de communes (celle d’Artois-Lys en l’occurrence). L’association installée à la maison de la chaussure (à qui il donne vie avec quelques complices), prend de plus en plus d’importance, déménage dans le centre-ville avec deux professionnels embauchés, Anne Debosque, la directrice, et Franck Pailleux, coordinateur de tourisme. Il organise les journées du patrimoine à Lillers avec des visites guidées aux châteaux de Relingue et de Beaurepaire, à la Chapelle Notre-Dame de miséricorde, à la collégiale, balise le premier de la vallée de Scyrendale, contribue à la promotion de la randonnée sur le secteur et de la Via Francigena, développe la journée du tourisme… Un ambassadeur de la région de Lillers en somme, salué dimanche dernier au Palace aux vœux de Pascal Barois, et qui le sera encore vendredi puisqu’il recevra, toujours à Lillers, mais aux vœux de la communauté Artois-Lys cette fois, la médaille du tourisme. Un engagement bénévole à qui il ne tournera sans doute jamais le dos. C’est plutôt « touche pas au bénévolat ». Le discours qu’il a prononcé au Palace dimanche traduit cet état d’esprit. Un discours teinté d’états d’âme.

 « Notre société a besoin des associatifs »
En 2012, il tourne « la page office de tourisme » et toutes les activités qui en découlaient, transmettant le flambeau à l’actuelle présidente, Luce Rousseau… mais pas la page du bénévolat , il en est le meilleur défenseur. Ambassadeur encore. Dimanche, il expliquait son départ, le pourquoi de la chose: «  Il me fallait redonner aussi un sens à un engagement associatif qui, je dois l’avouer, me fatiguait beaucoup depuis quelque temps, ayant parfois un peu le sentiment de devenir un notable, un administrateur, une personnalité… qui préside, qui siège, qui est en réunion, qui valide des décisions mais qui, au bout du compte, n’était plus vraiment force de propositions. » Pour autant, il reste un redoutable observateur. « Le fait d’avoir pris un peu de recul, d’être en retrait, m’a donné le temps d’écouter, d’observer. Et de me rendre compte qu’aujourd’hui, plus qu’hier encore, notre société a besoin des associatifs, des bénévoles. » Des bénévoles à qui on complique la tâche, à coup d’autorisations administratives, des bénévoles à qui on demande d’œuvrer comme des professionnels, à qui on en demande toujours plus, sans forcément avoir les moyens, physiques, financiers ou humains d’exercer leur « sacerdoce », comme il dit… Et il engage une réflexion, qui fait réfléchir. «Très honnêtement, je pense que la vie associative a encore de beaux jours devant elle, parce nous sommes passionnés, parce qu’il y a de l’enthousiasme et de l’intérêt porté à l’autre, mais je me dis aussi qu’il est plus que temps de donner un statut aux responsables associatifs. Un statut mais pas une rémunération ou une compensation financière au risque de perdre son âme. » Son engagement est loin d’être endormi.

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