Le portrait du dimanche… Philippe Vincent : Le bénévolat dans les veines (1/2)
Journaliste depuis 1979, ex-président de l’Office de tourisme du Pays de la Lys Romane, président de l’association de randonnée Ortie à Burbure et directeur des Échos du Pas-de-Calais, Philippe Vincent était à l’honneur dimanche lors de la cérémonie des vœux au maire de Lillers. Il a reçu de la municipalité la médaille de la vie associative (« échelon bronze » pour être précis), saluant son engagement bénévole de trente années dans le domaine du tourisme. Et comme dans « engagement bénévole », il y a engagement, le discours qu’il a prononcé dimanche à la tribune ne pouvait en manquer. Un propos millimétré, franc, émouvant pour certains, qui a dû faire grincer quelques dents, en ébranler plus d’un. Vendredi, son action en faveur du développement touristique de Lillers et de ses environs sera une nouvelle fois saluée, puisqu’il recevra le 18 janvier la médaille du tourisme lors des vœux de la Communauté Artois-Lys. Portrait d’un homme journaliste avant-tout, aux convictions façonnées par le sport. Un homme ancré comme jamais dans sa région, à Lillers et ses environs, un homme qui croit dur comme fer aux bienfaits du bénévolat, qu’il défend, à corps et à cris. Zoom sur un drôle de parcours, presque une biographie, en deux parties… qui reste incomplète.
Journaliste, plutôt que chaudronnier
« On est toujours venu me chercher… » Une fois, une seule, au sein d’une association parmi la liste longue comme le bras de celles qu’il a fréquentées, il a proposé sa candidature à une élection. Pas le genre à se mettre en avant, plutôt à se planquer derrière son appareil photo. Seulement, à aller partout, on finit par ne plus passer inaperçu. Cette fois-là, c’était dans l’Aisne en l’an 2000, lors de l’assemblée générale de l’Union des journalistes de sport en France, section Nord – Pas-de-Calais – Picardie. Il entre au comité directeur. Quelque part, c’était pousser plus loin encore l’accomplissement d’un rêve, qu’il poursuivait depuis tout petit et atteint en 1998 lorsqu’il devient membre de l’UJSF… « Être journaliste sportif.» On le moque un peu pourtant quand il dit ça au lycée, à ses profs notamment, qu’il aimerait sans doute tous recroiser aujourd’hui. Orientation proposée à l’époque : la chaudronnerie… « C’était parfait pour moi qui ne suis pas du tout quelqu’un de manuel », plaisante-t-il. Sorti du lycée Lavoisier d’Auchel sans le baccalauréat (mais avec le concours des Postes !), il saisit sa chance en 1979, lorsqu’il répond à une annonce parue dans l’Avenir de l’Artois. L’hebdo recherche un journaliste à former. Banco.
Il se forme et tisse sa toile sur les secteurs qu’il a en charge, Auchel, Lillers puis Bruay-la-Buissière, avant de rejoindre l’Echo de la Lys en 1984 qu’il quitte en 1991 pour l’Écho Rural, basé à Saint-Pol-sur-Ternoise. Un titre qui devient L’Écho du Pas-de-Calais et s’installe… à Lillers. Il devient rédacteur en chef adjoint, rédacteur en chef et enfin directeur de la structure. À « l’Écho », le journaliste localier découvre un autre aspect du métier, un autre rythme de travail. « Nous ne faisions pas de faits divers, explique-t-il, prenions le temps d’écrire, ce qui ne veut pas dire que nous avions moins de travail. C’était tout autre chose. J’ai pu élever mon niveau de reportage et de rédaction. »
Le sport en toile de fond…
Parallèlement, il est pendant quinze ans correspondant de presse pour La Voix du Nord dans les communes de Burbure (village qu’il affectionne et dont son épouse est originaire), Allouagne (sa résidence) et Lozinghem… Il couvre aussi le football à Bruay-la-Buissière pour La Voix des sports, l’équipe féminine de l’USOBL en particulier, qui s’invite en première division. Il est alors un des premiers journalistes à vanter les mérites du foot féminin, carrément boudé à l’aube de l’an 2000. Comme « l’Avenir » et L’Écho de la Lys, L’Écho Rural bénéficie de son fort attrait pour le sport. Il rencontre des gens comme Bertrand Lambert, multiple champion du monde de char à voile, Lise Golliot (Lise Legrand aujourd’hui), future médaillée olympique en lutte, Pierre Laigle joueur de l’équipe de France de football. S’il prendra un peu plus tard du plaisir à photographier les stars de la surmédiatisée Ligue des champions, il cherche surtout à dégoter dans le Pas-de-Calais ces sportifs de très haut niveau dont on ne parle pas. Ou pas encore. « Je me suis intéressé à des sports inconnus à travers des sportifs de classe mondiale. » Dernier fait d’arme: un dictionnaire olympique du Pas-de-Calais, sorti en novembre 2012. Un ouvrage recensant et racontant les athlètes et officiels du département, truffé d’anecdotes, passionnantes, parfois incroyables.
… et porte d’entrée dans le monde associatif
Le sport, un pêché mignon pour lui. Une porte d’entrée aussi, dans le monde associatif. Judoka, joueur et arbitre de hand (au carton jaune facile) à Auchel, il donne de son temps aux jeunes, tantôt pour encadrer, tantôt pour arbitrer. Pas une journée passée sans une dose de sport, passion qu’il partage avec Irène, sa promise, handballeuse elle aussi. Mais avec un métier pareil, pas facile de mener une carrière sportive de front, même en amateur. Comme il dit, « ça devenait compliqué. J’en étais à poser mon sifflet sur certains matchs pour faire une photo d’équipe à la mi-temps. Ou parfois je sortais carrément de la salle à la pause pour un petit reportage ». Boulimique de travail, il doit faire un choix. Il quitte les aires de sport à seulement 25 ans, pour y revenir avec ses deux enfants dix ans plus tard. Là encore, il donne de sa personne, au football notamment, à l’AS Lillers. Durant deux saisons, il sera dirigeant et accompagnateur des moins de treize ans lillérois, des jeunes footeux qui se souviennent tous d’un coup de colère légendaire sur la pelouse de Cauchy-à-la-Tour. Pas le genre à supporter l’injustice non plus, ni à se laisser marcher sur les pieds. Puis il se remet au sport « pour le plaisir ». De la course à pied au Saint-Venant athlétisme, un peu de foot et de hand aussi avec l’Union sportive des Vieilles gloires d’Allouagne du regretté André Hocq. De la randonnée enfin, véritable passion, au sein de l’association Ortie, groupe d’amis dont il est le président fondateur.
à suivre demain lundi, dès 10 heures.
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