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Lillers – inondations: les élus contestent un PPRI « ubuesque »

Ils y ont mis les formes, mais certains élus lillérois sont de toute évidence passablement agacés par le nouveau PPRI imposé par la Direction départementale des territoires et de la mer. PPRI, pour plan de prévention du risque inondation. Un document ô combien important qu’il convient de mettre à jour. Sauf que là, la nouvelle mouture est un peu forte de café. On vous explique pourquoi.

La réalité du terrain pas prise en compte
Lundi 22 février, conseil municipal de Lillers. Question centrale de la séance: le PPRI de la vallée de La Clarence, sur lequel les élus lillérois doivent émettre un avis. Et l’avis général, c’est que ça ne va pas du tout. Michel Dassonval, adjoint en charge notamment de l’environnement, a mis le doigt sur quelques « bugs » de la DDTM, cartes en mains : « Les services de l’État qui ont élaboré le PPRI à partir d’une modélisation, n’ont pas toujours tenu compte de la réalité du terrain. » Un sérieux problème quand on sait que le PPRI contraint, et pas qu’un peu, le Plan local d’urbanisme, et donc les autorisations de permis de construire et d’aménager, entre autres choses.

Les bassins réalisés sur le territoire, ne sont pas retenus sur la carte »

Michel Dassonval

« On a récupéré quatre cartes, celles qui s’appliquent pour le PPRI, poursuit l’élu. La bande de précaution, qui se trouve le long de la Nave a une largeur qui est proportionnelle aux digues de la rivière. Un agriculteur nous a fait remarquer que près de la station d’épuration, la digue est de 1,20 m. Donc la bande de précaution devrait être de 150 m. Elle est de 200 m. Première incohérence. Ensuite la bande de précaution, élaborée à partir d’images aériennes, s’applique quelle que soit la topographie des lieux. Donc impossible de construire sur la bande de précaution, même si les terrains extérieurs sont plus bas… Autre incohérence, les bassins réalisés sur le territoire, ne sont pas retenus sur la carte. Car l’ouvrage pourrait lâcher… Les travaux faits sur la digue ne sont pas pris en compte non plus. Si on prend le secteur de Manqueville, après la voie ferrée, qui au passage n’est pas prise en considération alors que c’est un obstacle à l’eau, vous avez derrière, une zone historiquement inondée… elle n’est pas en zone inondable ! Le bois de Busnettes qui est toujours les pieds dans l’eau. Ça n’apparaît pas. Le Vert Mont, la pente revient vers la ville… en bas il devrait y avoir une zone humide. Ça n’apparaît pas… » Pendant 15 minutes, Michel Dassonval a énuméré un nombre d’incohérences hallucinant. « Ubuesque », pour reprendre ses mots.

Hallucinant plus encore, le calendrier. L’avis émis par le conseil municipal devait être rendu le 23 février, pour une enquête publique qui doit démarrer… fin mars! On a donc demandé aux élus de se prononcer sur un document qui n’a pas fait l’objet d’une enquête publique: « À quoi sert l’enquête publique, peste Lucien Andriès, si on a déjà pris une décision à son sujet. En sachant qu’en matière de permis de construire, ce PPRI et la zone de précaution s’appliquent déjà! ». Les travers de la bureaucratie française dans toute leur splendeur. Le conseil municipal a formulé une réponse de Normand, un peu. Pas contre le principe du PPRI, mais avec des réserves: le mot est faible.

Christophe Vincent – Votre Info

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