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Santé: le conseil municipal de Lillers adopte une motion

Lors du dernier conseil municipal, en date du 14 décembre, une motion a été adoptée destinée à faire part de l’inquiétude des élus lillérois quant à la question de la santé. Une motion intitulée comme suit: « Il est urgent de répondre aux difficultés d’accès aux soins! », que nous vous livrons en intégralité.
« Depuis plusieurs années, les enjeux relatifs à la santé se posent avec acuité sur notre territoire ; l’exemple le plus prégnant étant, sans doute, les départs non remplacés des médecins généralistes et l’absence de praticiens sur certaines spécialités. Les données statistiques disponibles semblent confirmer l’analyse du géographe de la santé Emmanuel Vigneron, qui conclut que, sous l’effet de la métropolisation, les fractures se sont agrandies et que de vastes pans du territoire sont désormais en voie de désertification. Dans le Pas-de-Calais, qui est à la fois très rural et très urbain, il manque deux cents généralistes et plus de mille spécialistes pour atteindre la densité moyenne nationale, alors que les taux de surmortalité évitable battent tous les records. A côté de la médecine générale, il y a toutes les déclinaisons de la sphère de la prise en charge des patients, en fonction de leur âge, de leurs pathologies.
Lors de la réunion du 30 juin dernier, les élus du Conseil Municipal avaient été alertés sur les conséquences prévisibles de la réforme de la tarification des EHPAD, réforme prévue par la loi d’adaptation de la société au vieillissement. Il avait été évoqué une perte de ressource de l’ordre de 280.000,00 € pour l’établissement, chiffre qui se confirme au fil des rencontres avec l’Agence Régionale de Santé et le Conseil Départemental.
Lors de la précédente réunion du conseil municipal, nous avions relayé la motion adoptée par le conseil communautaire relative au projet de fermeture du service de cardiologie à l’hôpital de Béthune / Beuvry.

Le 16 novembre dernier, l’ensemble des organisations syndicales de l’E.P.S.M. Val de Lys Artois, appelait à un temps fort, devant l’établissement, pour alerter sur le devenir des services frappés par des restrictions budgétaires insupportables et des réorganisations incessantes. Il se confirme chaque jour, que les attaques en règle subies depuis de nombreuses années par les Services Publics, au-delà de l’objectif de réaliser des milliards d’économie sur la dépense publique, s’inscrivent dans une stratégie de recomposition des territoires.

En 2010, dans le bilan qu’il tirait de la Révision Générale des Politiques Publiques (R.G.P.P.), le Médiateur de la République écrivait déjà « le service public ne porte plus son nom ».
Sept ans plus tard, la logique de désengagement s’est accentuée, polarisant l’offre dans les grands centres urbains, accélérant l’effacement des services publics de proximité dans les territoires ruraux et périurbains, sans prendre en considération pour les habitants, favorisant le sentiment d’abandon, de déclassement de territoires, confortant ce processus de déshumanisation de notre société. Nous sommes là au cœur des processus de « métropolisation » qui vampirisent les territoires. Les services publics doivent évoluer, personne ne peut dire le contraire mais les évolutions se font sous le joug des lois de finances. Les réorganisations sont décidées dans les ministères, sous le seul prisme budgétaire. Elles produisent des effets désastreux dans de nombreux établissements, publics et privés, par des regroupements ou des suppressions d’activités de soins.

Quand ceux qui vivent l’hôpital au quotidien parce qu’ils y travaillent, parlent de « pénurie », les gestionnaires répondent « gabegies », « soins inutiles », « dysfonctionnements », … faute de « réformes adaptées ».
Quant à l’hôpital, les critères privilégient les ratios, les statistiques, la diminution d’effectifs, les réorganisations et suppressions de services et de lits, les disparitions de missions, au mépris du nombre de soignants auprès des patients, de la dimension humaine de la prise en charge et des soins, ce sont tous les citoyens qui sont en danger. Les personnels, toutes catégories confondues, sont en souffrance parce qu’ils doivent toujours faire plus avec moins alors qui remplissent avec cœur et abnégation leurs missions.

Dans trop de situations, l’Humain s’efface totalement derrière des impératifs de gestion.
Les élus, notamment celles et ceux qui votent les lois, doivent entendre les revendications des personnels et des territoires. Il est de leur devoir d’élu de la Nation de prendre conscience de ce qui se passe, de mesurer les conséquences d’un management par les coûts, qui prend le dessus sur le devoir de soins.Il est de leurs prérogatives de faire confiance aux directions et aux élus qui administrent les établissements, des responsables qui n’ont pas à être le doigt sur la couture du pantalon face aux injonctions de l’A.R.S.

Nous, élus, réunis ce jeudi 14 décembre 2017, ne pouvons rester silencieux :
Face à la maltraitance de nos territoires,
Face à la seule vision comptable des missions qui relèvent des services publics,
Face à des choix qui suppriment des lits pour des motifs budgétaires,
Face à des choix qui privent les personnels du droit d’exercer leur métier dans des conditions sereines,
Face à des choix qui négligent l’intérêt des patients et des familles.
Nous, élus, réunis ce jeudi 14 décembre 2017, revendiquons une restructuration de l’offre de soins construite sur une politique globale de santé soucieuse des patients, équitable sur les territoires, qui prenne en considération les impératifs de proximité dans une offre de soins en adéquation avec les besoins de la population où l’innovation et les nouvelles technologies soient au service des acteurs de soins et des patients, pas de l’optimisation budgétaire et comptable.

Nous, élus, réunis ce jeudi 14 décembre 2017, manifestons notre opposition, notre désaccord à tout projet de privatisation de la santé. Et nous avons l’intime conviction que Rien ne se fera sans l’intervention du peuple ! »

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