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Naz, l’homme qui veut écrire son histoire

Naz incarné par Henri Botte est un authentique athlète qui veut écrire son histoire.- Photo Votre Info.

Il faut bien le reconnaître, le public qui assistait hier soir au spectacle présenté au Lillers Palace n’est pas sorti de la salle très à l’aise. Sans doute parce qu’il n’était pas préparé à prendre en pleine figure, une réalité quotidienne qui menace… L’arrivée au pouvoir d’un extrémiste que chacun des spectateurs présents (jeunes et moins jeunes) voudra rejeter mais dont il partage pourtant une partie de son discours.
Parce que Naz, ce pseudo supporter de foot pour qui le match (le combat, la baston) débute après le coup de sifflet final, ne dit pas que des conneries. Dans son discours, il y a même un sacré paquet de vérités… Le problème est qu’elles sont tronquées, détournées, pour faire tomber dans l’extrémisme des hommes et des femmes qui n’ont pas eu d’histoire personnelle, ne voient plus qui pourrait incarner leur idéal.
Naz, spectacle écrit à partir d’une parole recueillie dans les milieux néo-nazis par Monserrat, insiste fortement sur l’importance que revêt l’histoire ; celle que véhiculent les médias, les réseaux sociaux, celle qui est écrite dans les manuels scolaires que l’on voudra appeler narration nationale. Celle qui oublie volontairement ses lignes les moins glorieuses mais ne disparaît jamais ; bombe à retardement qui peut exploser, une, deux ou trois générations plus tard. Pourquoi ne parle-t-on pas des grèves de 1948 ? Celle des mineurs trahis par un gouvernement de gauche.  Pourquoi n’explique-t-on pas dans quelles conditions les mineurs marocains ont été recrutés pour travailler dans nos mines ?
Mal à l’aise, chacun des spectateurs l’était hier soir, plus ou moins. Parce qu’il s’est fait secouer, parce que Naz l’a renvoyé à sa propre responsabilité, parce qu’il est peut-être aussi frappé par un sentiment d’impuissance ; parce que s’il sait avoir raison d’assister à ce genre de spectacle, de débattre et d’échanger, il lui reste néanmoins en bouche un arrière-goût d’entre soi  et peut-être le sentiment, qu’une fois sorti de la salle, il se retrouvera (presque) seul avec ses réflexions, ses interrogations alors que les extrémistes avancent en groupes organisés. Pour arrêter sa progression il faudra voter… Oui, mais pas seulement, conclura Christophe Moyer, le metteur en scène.- Ph. Vincent-Chaissac / Votre Info

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