A la UnePortrait

Lillers: Rencontre avec Pascal Deltour, le mythique vendeur de cycles de la rue de Pernes

Qui n’a jamais entendu ou prononcé cette locution de deux mots: « Chez Deltour », ou « A mon Deltour ». Deltour, un monument de Lillers, commerce de deux-roues inébranlable de la rue de Pernes qui fait un peu figure de dernier des mohicans. Rencontre avec Pascal Deltour, le patron des lieux.

Des années que nous n’avions pas franchi la porte de chez Deltour. La dernière fois, c’était pour la révision d’un vélo avec les parents ou pour acheter du mélange pour la meule d’un copain, on ne sait plus bien. À peine le pied posé dans le show-room, une douce odeur de cambouis chatouille les narines. Pas désagréable du tout. C’est un peu comme l’odeur des confitures de grand-mère, elle vous transporte des années en arrière. Le flash-back est juste un peu moins fruité. Pascal Deltour nous accueille derrière son comptoir, un peu pressé par le boulot à l’atelier, les clients qui l’appellent pour prendre des nouvelles de leurs montures ou demander un devis, et les commandes à passer. Nous n’avions pas pris rendez-vous pour l’interview, de peur d’essuyer un refus. Un passage à l’improviste semblait plus approprié. Après une légère hésitation, Pascal Deltour, 58 ans, prend le temps de raconter sa boutique, d’évoquer son parcours de vendeur et de réparateur de cycles et motocycles. Toute sa vie, ou presque. « C’est mon grand-père qui a lancé le magasin avant-guerre. Mon père a ensuite repris l’affaire, il était alors le plus jeune commerçant de France. À l’âge de 14 ans, j’ai commencé à travailler avec lui. On vendait des cycles, mais aussi des articles de puériculture. Des voitures d’enfants on en a vendu à la pelle. »

Les mobylettes sont mortes, vive les mobylettes
Aujourd’hui, Pascal Deltour travaille seul dans son magasin. Raymond, son papa, vient de temps à autre lui faire un petit coucou. Dans le hall d’exposition les mobylettes ont disparu. Ne reste plus qu’un vestige. Les scooters ont pris la place, toute la place ou presque, se disputant l’espace avec les vélos électriques. L’époque n’est plus la même. Pascal Deltour nous apprend une drôle de nouvelle: « Les mobylettes, ça n’existe plus. Les vogues, les 103, tout ça c’est terminé. Comme les moteurs deux temps d’ailleurs ». Incroyable mais vrai. Si vous aviez envie d’acheter une mob chez l’illustre revendeur Peugeot de la rue de Pernes… eh ben c’est niet, pas possible. Dingue quand même. Pour faire court, les mobylettes ne répondent plus aux normes de sécurité… Les scooters en revanche, oui. Allez comprendre. Forcément, la question nous taraude. Comment vont les affaires? « Il y a des hauts et des bas, concède le patron. On travaille surtout l’été. Après, le vélo électrique fait franchement du bien. Pourtant je n’y croyais pas du tout. » L’époque a changé. Pascal Deltour a évolué lui aussi, pour continuer à faire vivre son échoppe. Et il ne se plaint pas le moins du monde. Il faut dire aussi, et ça c’est bon pour les affaires, qu’il est le seul pour ainsi dire dans le secteur à être sur ce créneau-là. « A mon » Deltour, on y vient de Béthune, Calonne-Ricouart ou Auchel. Pas forcément de Lillers. De quoi tenir quelques années encore, jusqu’à la retraite, programmée en… Pas programmée du tout en fait: « Je ne sais pas quand. Ce qui est sûr c’est que ça va être difficile d’arrêter du jour au lendemain ». Toute sa vie on vous disait. A.Top, 62190.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *