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Le portrait du dimanche… Les Delassus à Ham-en-Artois : « Avec le vent comme complice »

Chloé et Alain Delassus

Rencontre avec la famille Delassus, fervente pratiquante de l’aéromodélisme vol libre au plus haut niveau. Un univers surprenant où se mêlent technique et communion avec les éléments.
Nous sommes en 2014 après Jésus-Christ, toute la discipline de l’aéromodélisme est occupée par les avions thermiques à moteur… Toute? Non! Car un village peuplé d’irréductibles passionnés de planeurs vol libre résiste encore et toujours à l’envahisseur… La paraphrase est un peu galvaudée, car Alain et Chloé Delassus ne semblent pas opprimés le moins du monde. Leur passion, leur univers, l’aéromodélisme vol libre est un milieu où règne le calme, le silence, la concentration et l’observation, l’entraide entre concurrents, l’échange de tuyaux et de savoirs.
Le vol libre est un peu le parent pauvre de la Fédération française d’aéromodélisme et dans le département du Pas-de-Calais, il ne sont que trois à le pratiquer, Alain Delassus et ses deux filles!
Il est souvent difficile d’expliquer d’où vient une passion. Alain, 52 ans, professeur de technologie au collège Maurice-Piquet à Isbergues n’échappe pas à la règle: « Ça a commencé tout petit. Vers 5-6 ans, je fabriquais des cerfs-volants et très vite j’ai dérivé vers le modélisme, je construisais des avions avec des produits de récupération ».

 Qualifications aux championnats du monde
C’est en 1973 qu’il découvre le planeur vol libre en adhérant à la section aéromodélisme de la MJEP d’Isbergues, ce qui lui permet de participer à ses premières « confrontations » départementales et régionales sur les terrains de Saint-Omer, Merville, Vitry-en-Artois ou Bondues. En 1976, il participe à son premier rassemblement national à Moulins dans l’Allier. Alain Delassus devient l’année suivante animateur de la section isberguoises et ce pendant près de 10 ans, les rassemblements nationaux s’enchainent, avant d’adhérer à la FFAM en 1987… première participation aux championnats de France, les vrais, dans la catégorie « international » et deux ans plus tard, c’est la consécration: il intègre l’équipe de France et se rend en Argentine pour participer aux championnats du monde! En 1992, il est le chef de l’équipe de France qui concourt aux championnats d’Europe en Roumanie. Champion de France 2007 catégorie « planeur senior », une seconde participation aux championnats du monde en Hongrie en 2003, Alain Delassus truste les place d’honneur sur le plan national et emmène sa petite famille sur les spots des compétitions. Tout naturellement, Chloé, sa fille aînée de 19 ans, tête bien faite, étudiante en biotechnologie, succombe au virus il y a quatre ans, et l’an passé, elle devient championne de France junior pour la première fois! La cadette, Alice, 13 ans, prend le même chemin.
Un sport, un vrai
Le modélisme vol libre se doit d’être expliqué, mais très objectivement, il faut le voir pour le croire. Un vent à décorner les bœuf dehors, nous n’aurons pas droit à une démonstration en live, mais Alain saisit son ordinateur pour nous montrer une vidéo du Suédois Per Findhal, un des tout meilleurs « freeflyer » au monde, qui lui a envoyé les plans de ses avions par La Poste un jour, c’est dire la fraternité qui règne dans la discipline. Alain Delassus nous résume la chose, le F1A, la catégorie qui les anime: « Le planeur, ça ne se pilote pas puisqu’il n’y aucun moyen de le diriger à distance ». Pour résumer, le grand oiseau fait de balsa ou de fibre de carbone qui ne pèse pas 500 g, est attaché à un câble de 50 m tenu par le concurrent à bout de bras. Le planeur s’élance dans le ciel à la manière d’un cerf-volant… l’aérologie entre alors dans la danse, comprenez la recherche du bon courant. L’avion miniature tournoie, parfois pendant de longues minutes, ce qui rend la chose assez physique, puis au bon moment, le concurrent libère son poulain en tirant d’un coup sec sur le câble. Le but du jeu, faire voler le planeur le plus longtemps possible, et ce à sept reprises lors des compétitions, avec un temps de vol maximal de trois minutes (un procédé technique permet de faire descendre l’appareil passé ce délai). Durant ces 120 secondes, le « pilote » se doit de suivre son avion… en courant évidemment!
Pour exceller selon Alain Delassus, trois critères essentiels: la mise au point du planeur à coups de réglages millimétrés, la tactique et le sens du vol, et enfin la chance: « Parfois le modèle termine sa course dans un arbre » plaisante-t-il. On le répète, minutie, calme et concentration sont de rigueur. Ce sport, puisque très objectivement encore, l’aéromodélisme vol libre en est un, se pratique par une communauté de passionnés qui tend à se réduire en nombre. Chloé en fait partie, une fierté pour son père. Une passion qu’elle ne peut partager qu’avec lui: « Mes amis ne comprennent pas, pour eux l’aéromodélisme c’est avec un moteur, il trouve donc ça ennuyeux. Alors je n’en parle pas, et ça ne me dérange pas. Chacun son truc ». A.Top

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